400 milions d’euros…

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Une enquête du Parquet national financier a été ouverte pour faire la lumière sur le rôle trouble de certains acteurs, dont le procureur de Nice, dans la succession de Jeanne Augier, qui n’a pas de descendant direct.

Jeanne Augier, la propriétaire du célèbre palace niçois Le Negresco, dont la succession s’annonce compliquée, s’est éteinte à l’âge de 95 ans dans la nuit de lundi 7 à mardi 8 janvier, a affirmé sa tutrice, Laurence Cina-Marro. Mme Augier, placée sous tutelle en 2013 pour la protéger des sollicitations, vivait dans un vaste appartement aménagé dans un étage de l’établissement cinq étoiles dont elle avait contribué à faire la renommée. Elle allait avoir 96 ans, le 27 mars.

Contrainte de se déplacer en chaise roulante, elle souffrait de pertes de mémoire qui l’empêchaient de gérer efficacement l’hôtel, placé sous administration judiciaire depuis 2013 après plusieurs décennies d’une direction à l’ancienne, mêlant autoritarisme et paternalisme.

Perquisitions chez le procureur

Sans descendants, Mme Augier avait créé en 2009 un fonds de dotation (Mesnage-Augier-Negresco) qui gérera en principe son patrimoine à sa disparition. Les bénéfices doivent aller au développement de l’hôtel, à la défense des animaux, aux personnes handicapées et au « rayonnement de l’art français ». Mais sa succession s’annonce compliquée en raison des multiples convoitises et conflits autour de l’hôtel.

En 2017, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a saisi le tribunal de commerce pour décider de la suite. Une intervention vécue comme une prévente déguisée par la direction et les salariés, qui ont ensuite obtenu que le dossier soit dépaysé à Marseille. Une enquête du Parquet national financier est également en cours. Elle a valu à M. Prêtre une perquisition à son domicile et à son bureau au palais de justice le 19 décembre.

Selon Le Parisien, les enquêteurs cherchent à savoir si M. Prêtre aurait, en saisissant le tribunal de commerce en 2017, outrepassé ses pouvoirs, voire favorisé un candidat repreneur.

En effet, l’hôtel est géré depuis 2013 par une administratrice judiciaire, Me Nathalie Thomas. Une procédure que le procureur de Nice lui-même avait encouragée, quand la justice a commencé à soupçonner des manœuvres frauduleuses autour de Mme Augier.

Mais quatre ans plus tard, estimant que ce n’était pas le rôle d’une administratrice judiciaire de gérer éternellement un hôtel de ce gabarit, le procureur avait saisi le tribunal de commerce pour décider de la suite. Une intervention vécue comme une prévente déguisée par la direction et les salariés.

« Mon boulot, c’est l’intérêt général, et que le Negresco continue à Nice, qu’il puisse se développer et devienne, enfin, peut-être un jour un vrai palace, car il n’en a que l’appellation commune mais pas le titre », s’était alors défendu le procureur.

400 millions d’euros

Car ce palace, le dernier de l’Hexagone resté français, vaut de l’or. En raison de sa renommée, sa valeur s’élèverait à près de 400 millions d’euros, selon une estimation de 2016, sans compter le mobilier et les œuvres d’art.

Avec sa façade Belle Epoque et sa coupole rose, Le Negresco est l’un des symboles de la promenade des Anglais, parfois surnommée la tour Eiffel de Nice. Véritable hôtel-musée, il abrite 124 chambres et suites au mobilier éclectique. Des meubles Empire côtoient des fauteuils années 1970 à la coque plastique, des tableaux de coqs gaulois ou une Grosse Nana jaune, de Niki de Saint Phalle. Grande admiratrice de Versailles, collectionneuse compulsive, Jeanne Augier avait accumulé 6 000 œuvres d’art, faisait porter des « costumes à la française » à ses voituriers et s’était offert un célèbre portrait de Louis XIV.

Le Monde avec AFP

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