Jeanne Augier, la propriétaire du célèbre palace niçois Le Negresco dont la succession s’annonce compliquée, s’est éteinte à l’âge de 95 ans dans la nuit de lundi à mardi, a-t-on appris auprès de sa tutrice

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“Elle est décédée”, a indiqué à l’AFP Laurence Cina-Marro, confirmant une information de France Bleu Azur.

Mme Augier, placée sous tutelle en 2013 pour la protéger des sollicitations, vivait dans un vaste appartement aménagé dans un étage de l’établissement cinq étoiles dont elle avait contribué à faire la renommée. Elle allait avoir 96 ans le 27 mars.

Contrainte de se déplacer en chaise roulante, elle souffrait de pertes de mémoire qui l’empêchaient de gérer efficacement l’hôtel, placé sous administration judiciaire depuis 2013 après plusieurs décennies d’une direction à l’ancienne, mêlant autoritarisme et paternalisme.

Avec sa façade Belle Epoque et sa coupole rose, Le Negresco dont elle avait héritée de son père en 1957 est l’un des symboles de la Promenade des Anglais, parfois surnommée la Tour Eiffel de Nice. Véritable hôtel-musée, il abrite 124 chambres et suites au mobilier éclectique.

Des meubles Empire côtoient des fauteuils années 70 à la coque plastique, des tableaux de coqs gaulois ou une “Grosse nana jaune” de Niki de Saint Phalle. Grande admiratrice de Versailles, collectionneuse compulsive, Jeanne Augier avait accumulé 6.000 oeuvres d’art, faisait porter des “costumes à la française” à ses voituriers et s’était offert un célèbre portrait de Louis XIV.

Revenu aux bénéfices alors qu’il tournait à perte en 2011, selon la direction, le Negresco est le dernier palace familial de l’Hexagone resté français, doté du label “entreprise du patrimoine vivant” valorisant le savoir-faire français.

En raison de sa renommée, il pourrait valoir entre 300 millions et 400 millions d’euros, selon une estimation de 2016, sans compter le mobilier et les oeuvres d’art.

Sans descendants, Mme Augier avait créé en 2009 un fonds de dotation (“Mesnage-Augier-Negresco”) qui gérera en principe son patrimoine à sa disparition. Les bénéfices doivent aller au développement de l’hôtel, à la défense des animaux, aux handicapés et au “rayonnement de l’art français”.

Mais sa succession s’annonce compliquée en raison des multiples convoitises et conflits autour de l’hôtel.

En 2017, le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre a saisi le tribunal de commerce pour décider de la suite. Une intervention vécue comme une pré-vente déguisée par la direction et les salariés qui ont ensuite obtenu que le dossier soit dépaysé à Marseille.

Une enquête du parquet national financier est également en cours qui a valu à M. Prêtre une perquisition le mois dernier à son domicile et à son bureau au palais de justice.

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