REVOLTE: Sur fond de protestation depuis ce week-end, le président a limogé son gouvernement, puis des manifestants ont pénétré dans la mairie d’Almaty
Depuis mardi soir, le Kazakhstan est secoué par une crise politique majeure. Tout a commencé ce week-end avec des manifestations contre le prix du gaz, qui se sont vite étendues à l’ensemble du pays. Malgré une réduction du prix dans la région d’Aktau (fixé à 50 tenges, soit 10 ct le litre), où des vidéos ont montré des manifestants encerclés par la police sur les réseaux sociaux, le mouvement ne s’est pas calmé. Au contraire, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes mardi soir contre une manifestation à Almaty, capitale économique du pays. Le point de bascule pour cet Etat autoritaire d’Asie centrale.
Dans la nuit, le président a décrété l’état d’urgence et instauré un couvre-feu, avant de révoquer son gouvernement. Les autorités ont annoncé 200 arrestations et des dizaines de blessés à la suite des manifestations.
Sur une foule chaotique d’un millier de personnes, la police a tiré des grenades assourdissantes ce mercredi matin. La foule s’est tout de même renforcée et un groupe de manifestants est entré dans le principal bâtiment de la mairie d’Almaty. Des protestataires ont récupéré des matraques et boucliers de la police, selon des journalistes de l’AFP.
La Russie s’en mêle déjà
Suite à ces événements, le groupe spécialisé dans la surveillance du Web NetBlocks a indiqué sur Twitter qu’une « panne d’internet à l’échelle nationale » touchait l’ancienne république soviétique. L’ONG souligne par ailleurs que cela « est susceptible de limiter sévèrement la couverture des manifestations antigouvernementales qui s’intensifient ». Cette crise est la plus grande menace à ce jour pour le régime mis en place par l’ancien président Nazarbaïev, qui a dirigé le pays jusqu’en 2019 mais conserve une grande influence.
« En tant que président, je suis contraint de protéger la sécurité et la paix de nos citoyens, de m’inquiéter de l’intégrité du Kazakhstan », a fait savoir, en russe à la télévision kazakhe, le président Kassym-Jomart Tokaïev, ajoutant qu’il avait l’intention « d’agir de la manière la plus ferme possible ». La Russie, pour laquelle le Kazakhstan revêt une importante cruciale en tant que partenaire économique, a appelé mercredi à résoudre la crise par « le dialogue » et non par « des émeutes de rue ».