Les maisons individuelles dans le viseur du Gouvernement ou la négation des droits des Français

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La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, s’est fendue d’une diatribe contre les maisons individuelles, au mépris des aspirations et des droits élémentaires des Français.

Elle est décidément la digne ministre du président « en même temps ». En avril dernier, elle avait déclaré que le nombre de HLM devait augmenter pour favoriser la mixité… alors qu’elle-même habite une maison de 150m2 à Saint-Mandé, ville cossue aux 12% de logements sociaux. Jeudi 14 octobre, elle a récidivé en qualifiant la maison individuelle de « non-sens écologique, économique et social », tout en vantant la qualité de vie qu’apporte la mixité sociale.

Une attaque en règle contre le mode de vie préféré des Français

Cette déclaration a été faite lors du discours de clôture de la consultation « Habiter la France de demain » qui a pour but « d’amplifier et accompagner les projets vertueux et valoriser de nouvelles solutions en réponse aux défis de la ville et des territoires de demain ».

La ministre a aussi asséné que « le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable ». Et tant pis pour le rêve des Français, qui à 75% aspirent à emménager dans une maison individuelle. Au-delà de la valorisation sociale qu’elle représente, elle est, selon l’anthropologue Pascale Legué, porteuse de toute une symbolique : « La maison individuelle fait l’objet d’un véritable investissement symbolique traducteur du couple et de sa pérennité. Avec cette résidence principale, dont la propriété peut être partagée par le couple, on affirme la famille et on légitime la filiation car on achète généralement pour abriter les enfants, présents ou à venir ». C’est donc tout un modèle de société qui se retrouve entre ses quatre murs.

Gramsci et la gauche française après lui ont bien compris le pouvoir du levier culturel, et Emmanuelle Wargon n’est pas en reste. Elle explique ainsi qu’il faut « gagner la bataille culturelle qui consiste à rendre désirable l’intense et à lui faire préférer l’intense à l’étalement, le collectif à l’individuel ». La bataille culturelle se jouant dans les habitudes, « nous devons accepter de mettre ce modèle derrière nous ». C’est également l’occasion pour elle de critiquer le « fonctionnement urbain de plus en plus éloigné des centres villes et de plus en plus dépendant de la voiture individuelle », l’autre bête noire des politiques.

On retrouve une nouvelle fois la dialectique de la raison mise au service du grand interventionnisme de l’Etat : « Le confort dépend des priorités de chacun ; encore faut-il pouvoir faire des choix éclairés, savoir quoi regarder ». Si les Français se révèlent incapables de faire des choix éclairés, l’Etat le leur apprendra par le biais de la bataille culturelle. Emmanuelle Wargon est bien consciente du caractère messianique de sa tâche lorsqu’elle professe : « J’ai ressenti le besoin de produire cette vision. »

Un projet culturel dont la réalisation semble bien hasardeuse

Puisqu’Emmanuelle Wargon éprouve de la « réticence de voir sortir de nouvelles constructions de terre », elle préconise une « valorisation de la réussite d’habitations denses et collectives pour une ville plus intense, qui ne transige pas avec la qualité et qui tient ses promesses en matière de services ». Son objectif est « l’intensité heureuse par la densité d’habitations qui crée des quartiers dynamiques, vivants et chaleureux », convaincue que « en construisant avec des matériaux innovants, on peut donner envie de vivre dans une tour ». A d’autres.

La ministre du Logement livre sa vision des habitations de demain dans une interview pour Capital : « Il est beaucoup plus facile de faire accepter la construction d’un nouvel immeuble aux citoyens si vous bâtissez avec des matériaux durables avec des appartements traversants, plus lumineux, plus grands et plus volumineux, avec des terrasses à chaque étage et des terrasses en contrebas. » En effet, qui pourrait dire le contraire ? Seulement, on ne peut pas construire de façon à la fois plus dense et plus volumineuse. De plus, dans la mesure où ce type de logement est beaucoup plus coûteux, il ne cible de fait qu’une certaine tranche de la population. Une réalité que nie Emmanuelle Wargon, qui tient d’autres propos à l’ambigüité inquiétante : « Il faut mobiliser le parc privé existant pour réguler le marché ». La régulation du marché et l’immixtion dans le privé, voilà réunis en une phrase deux étalons de course de l’Etat socialiste.

Dans ce cas de figure, le propriétaire proposerait un loyer modéré à un ménage plus ou moins précaire, et en échange de sa moins-value, il bénéficierait d’un avantage fiscal. Le souci dans cette « bonne action » réside dans la (nouvelle) dépendance du propriétaire à l’égard de l’Etat : le jour où les pouvoirs publics décideront de supprimer l’avantage fiscal, le propriétaire ne percevra plus qu’un loyer minimal plafonné par l’Etat. D’autre part, cela signifie encore un peu plus d’administratif à gérer pour lui. Enfin, Emmanuel Wargon dit espérer que cela permettra « le retour sur le marché d’un certain nombre de logements vacants »… En réalité, les propriétaires ont avant tout besoin de retrouver confiance dans leurs droits, et cela passe par une simplification radicale de l’expulsion des mauvais payeurs.

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