Philippe Simonnot: le brun et le vert. Quand les nazis étaient écologistes

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Philippe Simonnot est mort le 17 novembre dernier, quelques jours seulement avant la parution de son dernier livre. J’ai lu la plupart de ses essais, surtout ceux qui épinglent l’Etat, dont celui – excellent – intitulé L’Erreur économique. J’ai aussi eu le plaisir de le rencontrer lors des conférences et des réunions organisées avenue Mac Mahon. Economiste, journaliste, historien des idées politiques et économiques, il a longtemps travaillé au journal Le Monde pour lequel il a fait une enquête sur les enjeux et les conditions de la fusion Elf-Aquitaine. (Comme il refuse de divulguer sa source, il est licencié mais revient quelques années plus tard en tant que chroniqueur de livres d’économie.) Dans son dernier essai, original et décapant, il remonte aux sources de l’écologie, laquelle émerge précisément au moment même où monte l’idéologie nazie. De l’inventeur de l’écologie, Ernst Haeckel, jusqu’à Adolf Hitler en personne, l’auteur examine avec minutie les théories et les mesures nazies en faveur de la … nature.

En janvier 1933, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) fête l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Elle parle d’un «miracle pour l’Allemagne». Ce n’est pas un hasard ni une flatterie intéressée. Le Führer est connu comme un amoureux de la nature et des animaux. Il suffit de lire Mein Kampf pour comprendre l’importance du discours écologique chez Hitler qui corrige l’injonction biblique: «L’homme ne doit jamais tomber dans l’erreur de croire qu’il est véritablement parvenu à la dignité de seigneur et maître de la nature…». Au contraire, l’homme doit être détrôné au profit d’une nouvelle divinité : la nature. C’est à elle de «faire le choix des « élus », le peuple allemand. Que dit-il du reste du monde ? «Il est certain qu’un jour viendra où l’humanité, ne pouvant plus faire face aux besoins de sa population croissante par l’augmentation du rendement du sol, devra limiter l’accroissement du nombre des humains. Elle laissera la nature se prononcer…», écrit Hitler.

Pourquoi les écologistes d’aujourd’hui ne citent pas ces sources?

Si Haeckel, raciste et antisémite, a été l’inventeur de l’écologie, Walther Schoenichen, son disciple, a été l’inspirateur du nazisme vert, à l’origine de la politique écologique du Troisième Reich. Le 1er juillet 1935, un an et demi après l’ascension au pouvoir de Hitler, est adoptée la loi sur la protection de la nature. D’autres ont précédé et vont suivre, de la Loi sur l’abattage des animaux jusqu’à la Loi sur le ferrage des chevaux (1940) en passant par la Loi sur l’abattage et la capture des poissons et des animaux de sang-froid (sic!) en 1936 ou l’Ordre sur l’éclairage et la ventilation des stalles dans l’Agriculture (1938).

Des mesures que nos écolos ont aussi pondues ou sont capables de faire. Il faut dire que Hitler n’est pas le seul amoureux de la nature. Rudolph Hess ne jure que par les traitements homéopathiques, Goering veut des parcs nationaux remplis d’animaux, Himmler, l’architecte de la Solution finale, est aussi l’instigateur du «développement écologique dans les territoires de l’Est»! L’écologisme des nazis allait de pair, comme chez les écologistes d’aujourd’hui, avec leur haine de l’individu, de la personne humaine, du capitalisme, de la propriété privée et du christianisme. A la fin de son livre, Philippe Simonnot écrit: «Il y aurait aussi à réfléchir sur des traces de national-socialisme dans l’animalisme, l’antispécisme, le culte de Gaïa, le nouveau paganisme, l’antilibéralisme en vogue aujourd’hui dans beaucoup de cercles écologistes. Ce sera l’objet d’une prochaine enquête…».

Il a entièrement raison mais, malheureusement, il ne pourra plus la faire.

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