Interview: Franck Goldnadel, Président du Directoire Aéroports de la Côte d’Azur

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Pour Franck Goldnadel, "nous pouvons raisonnablement tabler sur une croissance, continue et maîtrisée, du trafic passagers par rapport à 2022" sur l'aéroport de Nice

Franck Goldnadel, Président du Directoire Aéroports de la Côte d’Azur, évoque l’avenir de la plateforme niçoise. Il souligne notamment: “Il n’existe aucune liaison aérienne intérieure depuis ou vers Nice qui puisse être transférée au rail en moins de deux heures et demi”.

Quelles sont les priorités du groupe Aéroports de la Côte d’Azur pour 2023 ? Quels objectifs en termes de trafic passagers ou de compagnies aériennes présentes à Nice ?

Franck Goldnadel – La priorité du Groupe est d’harmoniser l’accompagnement de la reprise du trafic aérien, sur l’ensemble de nos plateformes, avec les enjeux environnementaux. La stratégie n’est pas la recherche du volume à tout prix. C’est pourquoi d’un côté nous engageons les travaux d’extension de notre terminal 2, pour adapter nos installations à la qualité de l’accueil que nous devons aux voyageurs et aux flux de passagers qui continueront de croître au cours des prochaines années. De l’autre, nous poursuivons nos efforts en matière de décarbonation et de réduction de notre empreinte environnementale. Nous avons déjà réduit de plus de 85% nos émissions directes et engagé des actions pour créer des puits de carbone végétaux pour basculer de l’ère de la compensation, désuète, à celle de l’absorption, durable. Il nous faut accompagner les efforts des partenaires de l’aéroport et en premier lieu ceux des compagnies aériennes, et mettre en œuvre les moyens pour les aider à réduire les émissions de passagers par kilomètre. C’est ainsi que nous résoudrons l’équation : plus de voyageurs, un peu plus d’avions, mais en même temps une réduction des émissions de CO2. C’est pourquoi nous ne sommes pas à la recherche d’un nombre de passagers.

Quelles destinations souhaiteriez-vous voir se développer à Nice en 2023 ?

Franck Goldnadel – En 2022, nous avons retrouvé une grande part de notre réseau d’avant la pandémie, ce qui est déjà beaucoup puisque nous avons proposé une centaine de destinations, à 80% à l’international, avec même un record de neuf long-courriers dont cinq vers l’Amérique du Nord. Suite à la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, les liaisons directes vers ces 2 pays auront manqué à notre territoire, et il est peu probable que nous les retrouvions dans les prochains mois. Nos efforts portent sur le renforcement des liaisons européennes pour accompagner la demande des voyageurs et sur les destinations loisirs autour du bassin méditerranéen. Pour les destinations d’affaires, on peut dire que nous sommes déjà connectés à toutes les principales places économiques ou financières d’Europe. L’Asie via les grands hubs est aussi mieux desservie.

Quelle pourrait être l’évolution du trafic en 2023 pour Nice? Envisagez-vous un retour en force du voyage d’affaires?

Franck Goldnadel – Il y a beaucoup d’incertitudes : la crise économique, avec l’inflation dans les principaux pays du monde, la crise énergétique, qui fragilise les entreprises, et enfin la crise sanitaire, qui n’est pas terminée et peut encore peser sur les décisions et possibilités de voyages, notamment pour les voyageurs d’affaires. Ceci étant, notre territoire est particulièrement attractif, avec des centres de congrès au rayonnement international, des pôles économiques et financiers majeurs. Il bénéficie aussi de grands événements, qui attirent autant le grand public que les professionnels. En 2023, certains matches de la Coupe du Monde de rugby se joueront à Nice. Prélude aux JO de 2024 et à l’arrivée du Tour de France. Tout cela fait que nous pouvons raisonnablement tabler sur une croissance, continue et maîtrisée, du trafic passagers par rapport à 2022.

Quels sont les atouts et les incertitudes qui pourraient influencer l’évolution à Nice en 2023 ?

Franck Goldnadel – J’ai parlé des incertitudes et évoqué certains atouts. Mais pour les voyageurs d’affaires, qui connaissent notre territoire, il faut ajouter un élément moteur essentiel : la cohésion de tous les acteurs du tourisme. Que ce soit au niveau de la Métropole, du département comme de la Région, ils portent tous la même vision, que l’aéroport partage et promeut. Le territoire veut capitaliser sur son attractivité pour développer un tourisme durable. Et je pense que pour les professionnels qui se déplacent, pour les entreprises qui les missionnent, c’est essentiel. Disposer d’une offre hôtelière de qualité et engagée dans une démarche de réduction de son empreinte environnementale, pouvoir se déplacer avec des solutions douces, décarbonées, mais régulières et connectant les principaux pôles d’activités… si vous ajoutez la beauté du paysage, vous avez la carte postale idéale du MICE.

Quelles sont les conséquences de la mesure visant à remplacer les vols domestiques par le train sur trajets rapides ? Est-elle de nature à encourager le renforcement du futur pôle multimodal sur l’aéroport ?

Franck Goldnadel – Nice est une destination aussi exceptionnelle qu’unique : le territoire est enclavé et il n’existe aucune liaison aérienne depuis ou vers Nice qui puisse être transférée au rail en moins de 2h30. Et même largement. Aussi ne sommes-nous pas directement concernés par la suppression de quelques lignes aériennes. La mise en service de la gare TGV Aéroport de Nice, face au terminal 1, répond plutôt à un autre enjeu. Celui de connectivité douce de la plateforme avec son territoire, au sens large, c’est-à-dire de l’Italie du Nord jusqu’à Marseille. Le report modal de la voiture vers le train est alors doublement bénéfique puisque les passagers peuvent venir jusqu’à nos terminaux plus sereinement et sans utiliser de voiture thermique. Ce pôle multimodal intégrant également les trains du quotidien et les bus de ligne régulière, j’y vois surtout un grand atout pour les voyageurs d’affaires qui, en sortant de l’avion, peuvent ensuite gagner tranquillement Sophia-Antipolis, Cannes ou Monaco. L’expérience du tram, arrivé sur notre plateforme en 2019, montre que plus l’offre de mobilité douce est développée, fiable, régulière et intelligemment pensée pour connecter tout le territoire, plus les voyageurs, de loisir comme d’affaires, s’en saisissent et y trouvent un intérêt économique, écologique et de confort.

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