L’Union européenne veut diminuer l’usage de l’avion à l’intérieur de ses frontières. Selon les scénarios, la taxe pourrait réduire de 6 à 15 % les émissions de CO2 du transport aérien intra-européen. Un article de notre partenaire Ouest-France.
Taxer le kérosène pour diminuer l’empreinte des avions sur l’environnement. C’est une des mesures fortes du nouveau plan climat de l’Union européenne pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de moitié par rapport à 1990.
Dans son viseur, le secteur aérien. Au regard des autres modes de transport dans l’Union européenne, sa part d’émission de CO2 reste faible (moins de 4 %), mais au rythme où elle va (multipliée par presque 130 en trente ans), l’Europe a décidé d’agir.
La mesure doit être discutée par les eurodéputés et les États membres et ne s’appliquerait qu’aux vols dans l’Union européenne.
Une hausse du prix des billets ?
Une nouvelle taxe va-t-elle faire grimper le prix des billets ? « C’est certain car les marges des compagnies sont très faibles, indique Paul Chiambaretto, professeur de Stratégie à la Montpellier Business school, spécialisé dans l’aérien. Les bonnes années, comme en 2018 ou 2019, les marges étaient en moyenne d’un peu plus de 4 € par passager. »
Le chercheur précise que le kérosène est le premier poste de dépense des compagnies à bas coûts et est à égalité avec la masse salariale pour les compagnies traditionnelles. Un constat partagé par les experts européens qui prévoient une baisse des passagers et du nombre de compagnies « incitées à choisir des aéronefs plus efficaces afin de réduire leur consommation de carburant ».
Un futur inenvisageable pour le secteur aérien
Si les contours de la mesure restent encore vagues, une étude la Commission européenne a imaginé une taxe entre 0,17 et 0,50 € par litre de kérosène. Un vol européen sur dix disparaîtrait d’ici 2050 avec une réduction de 6 à 15 % du CO2 émis par le secteur.
Les vingt-sept États de l’UE pourraient récupérer plus de 2 milliards d’euros dès 2025 grâce à la mesure et même 5,4 milliards par an à l’horizon 2050 si la taxe était fixée à 0,33 € par litre de kérosène.
Un futur inenvisageable pour les représentants du transport aérien. « L’aviation est engagée sur la voie de la décarbonation et n’a pas besoin de mesures punitives comme les taxes pour changer », déplore ainsi l’Association internationale du transport aérien (IATA).
De son côté, Air France « salue l’ambition » du plan climat mais invite l’Union européenne à concentrer ses efforts sur les biocarburants. La compagnie craint que la taxe handicape les compagnies européennes par rapport à leurs concurrents étrangers.